PRUNE PHI

✦          PAST    Musée du Jeu de Paume, Paris (FR)            ✦          PAST    Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône (FR)            ✦          PAST    Hessel Museum of Contemporary Arts, Annandale-on-Hudson (USA)            ✦          PAST    Workshop at L’École media art du Grand Chalon (e|m|a), Chalon-sur-Saône (FR)            ✦          PAST    Musée du Jeu de Paume, Paris (FR)            ✦          PAST    Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône (FR)            ✦          PAST    Hessel Museum of Contemporary Arts, Annandale-on-Hudson (USA)            ✦          PAST    Workshop at L’École media art du Grand Chalon (e|m|a), Chalon-sur-Saône (FR)           

⤶ TEXTS

Prune Phi

Elisa Rigoulet
Catalogue du 66ème Salon de Montrouge
cur. Sabyl Ghoussoub
2022 (FR/EN)
Prune PHI Hang up (2022) Salon de Montrouge ©Tal Yaron

Hang up (2022) Salon de Montrouge ©Tal Yaron

« Prune Phi développe une pratique de l'installation plurielle, composée de photographies personnelles, dessins, collages, sculptures, sons, textes, vidéos et documents collectés dans les magazines vietnamiens ou américains. Ces ensembles narratifs complexes semblent métaphoriquement redoubler d'efforts et redoubler d'outils pour combler les trous d'un récit à la fois personnel et collectif sur l'histoire de l'immigration vietnamienne. En étudiant les mécanismes de transmission au sein des familles, communautés et diasporas, l'artiste explore l'oubli et la mémoire en faisant l'expérience physique et plastique de la défaillance, du manque et de la dissolution.

C'est là que la fiction intervient pour combler les trous. Mais aussi l'espace. Les installations de Prune Phi se déploient ainsi en volume pour "occuper" symboliquement le vide et créer de nouveaux rituels de transmission s'appuyant sur les nouvelles technologies, les systèmes de communication et codes culturels empruntés aux réseaux sociaux. En associant les médiums, Prune Phi multiplie les récits, renforçant ainsi les images, réparant la parole collective grâce à la mécanique fictionnelle. Les phénomènes de brouillage ou d'erreur se multiplient comme une mise en abyme de la résistance collective à la transmission, la matérialisation du grand mur du silence, du tabou ou du secret. Détruire, déchirer sont les gestes qui se répètent dans le travail de l'artiste qui utilise l'échec comme postulat de départ. Dissoudre ce que l'on sait ou croit savoir pour repenser une histoire collective et une mémoire commune : "Si ce n'est ni en toi, ni en moi, on va réfléchir à autre chose qui nous sera commun", souhaite Prune Phi.

En rassemblant les items, elle crée une scénographie en perpétuelle transformation comme une mémoire vive en train de travailler sans cesse et de s'écrire. À l'image d'un grand Atlas ou d'une constellation de traces souvenirs, le travail de l'artiste se déplie pour incarner une sorte de graphique de la mémoire dont les éléments présents symboliseraient le point de rencontre. Ce travail dégage la chaleur d'une ébullition. Parfois, un défaut fait barrage à la reconstitution, il manque le son, il manque l'image. Mais l'ambition de rassemblement n'a pas de répit. Celui-ci donne à comprendre que nous ne vivons notre présent qu'à travers les mouvements conjugués de nos mémoires et de nos désirs. Comme un rituel d'offrande aux morts, rendons hommage au silence et gageons qu'il ait quelque chose à dire. »

“Prune Phi develops a plural installation practice, composed of personal photographs, drawings, collages, sculptures, sounds, texts, videos, and documents collected from Vietnamese or American magazines. These complex narrative assemblages seem to metaphorically double their efforts and multiply their tools to fill the gaps of a story that is both personal and collective, concerning the history of Vietnamese immigration. By studying the mechanisms of transmission within families, communities, and diasporas, the artist explores forgetting and memory through the physical and plastic experience of failure, lack, and dissolution.

It is here that fiction steps in to fill the gaps. But also space. Prune Phi’s installations thus unfold volumetrically to symbolically “occupy” the void and create new rituals of transmission relying on new technologies, communication systems, and cultural codes borrowed from social networks. By combining media, Prune Phi multiplies narratives, thereby reinforcing images and repairing collective speech through fictional mechanics. Phenomena of blurring or error multiply like a mise en abyme of collective resistance to transmission, the materialization of the great wall of silence, taboo, or secrecy. Destroying, tearing are gestures that repeat throughout the artist’s work, which uses failure as its starting point. To dissolve what is known or believed in order to rethink a collective history and a shared memory: “If it is neither in you nor in me, we will think of something else that will be common to us,” Prune Phi wishes.

By gathering these items, she creates a scenography in perpetual transformation, like a living memory continuously working and writing itself. Like a great Atlas or a constellation of trace memories, the artist’s work unfolds to embody a kind of memory graph whose present elements symbolize the meeting point. This work radiates the warmth of a boiling point. Sometimes, a flaw blocks reconstruction — a missing sound, a missing image. But the ambition to gather never rests. It reveals that we only live our present through the combined movements of our memories and our desires. Like a ritual offering to the dead, let us pay homage to silence and wager that it has something to say.”