66e Salon de Montrouge : qui sont les nouveaux talents de l’art ?
Matthieu Jacquet Numero Magazine cur. Sabyl Ghoussoub 2022 (FR) link ⤷
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Hang up (2022) ©Prune Phi
« Depuis 1955, le Salon de Montrouge défriche les talents français qui façonneront l’art contemporain de demain. Sous le commissariat de l’agence parisienne Work Method (Guillaume Désanges et Coline Davenne), sa 66e édition réunit jusqu’au 1er novembre 40 artistes, dont deux collectifs et un artiste invité. De l’arsenal en céramique de L. Camus-Govoroff aux peintures à base de sang d’Alison Flora, découvrez sept figures prometteuses repérées au sein de cette nouvelle édition.
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Surface métallique, autocollant coloré à l’effigie d’un dragon chinois ou encore clichés d’archives sépia fixés par des aimants… Les œuvres accrochées aux murs du 66e Salon de Montrougepar Prune Phi sont à l’image de son imaginaire : composites et fragmentaires. L’artiste de 31 ans, qui a déjà présenté son travail au festival Circulation(s) à Paris et plus récemment à La Friche la Belle de Mai à Marseille, déploie en effet une pratique hybride inspirée par son rapport au Vietnam, d’où sa famille est originaire.
S’écartant du regard occidental et exotisant de la France sur le pays asiatique, qui fut l’une de ses colonies de la fin du 19e siècle à sa prise totale d’indépendance totale en 1954, l’artiste met au jour la vivacité de la culture populaire contemporaine qui émane du quotidien des Vietnamiens en intégrant aussi bien à ses œuvres leurs influence visuelles, à travers des images découpées dans leurs magazines, que leur passion du tuning, à travers l’utilisation de stickers colorés pour moto et de plaques en aluminium.
Sous son geste artistique, ces éléments se voient altérés, déchirés, superposés ou encore collés puis partiellement décollés au point de ne laisser sur leur support que des traces aux airs de griffures – manière de traduire la distance qui sépare l’artiste de cette culture et de l’histoire de ses ancêtres. Pour autant, derrière la froideur du métal argenté, Prune Phi parvient à traduire toute l’intimité de la relation qui l’unit à son pays d’origine, que cela passe par la tendresse des corps nus photographiés en gros plan, ou encore les images rougeoyantes qui enflamment cette mémoire visuelle et plastique. »
“Since 1955, the Salon de Montrouge has been a springboard for emerging French talents who shape the contemporary art of tomorrow. Curated by the Paris-based agency Work Method (Guillaume Désanges and Coline Davenne), its 66th edition brings together, until November 1st, 40 artists — including two collectives and one guest artist. From L. Camus-Govoroff’s ceramic arsenal to Alison Flora’s blood-based paintings, discover seven promising figures featured in this new edition.”
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Metallic surfaces, colorful stickers featuring Chinese dragons, sepia-toned archival photographs held by magnets… The works presented by Prune Phi on the walls of the 66th Salon de Montrouge reflect the nature of her imagination: composite and fragmentary. The 31-year-old artist, who has previously shown her work at the Circulation(s) festival in Paris and more recently at La Friche la Belle de Mai in Marseille, develops a hybrid practice inspired by her relationship with Vietnam, her family's country of origin.
Turning away from the Western and exoticizing gaze that France — Vietnam’s former colonial power from the late 19th century until full independence in 1954 — often casts upon the Asian country, the artist reveals the vibrancy of its contemporary popular culture, rooted in the daily life of Vietnamese people. She incorporates into her work both its visual influences, through images clipped from magazines, and its passion for tuning culture, using colorful motorbike stickers and aluminum plates.
Through her artistic gesture, these elements are altered — torn, layered, glued and then partly peeled off — leaving behind scratch-like marks on their supports. It’s a way of expressing the distance between the artist and this culture, and the history of her ancestors. Yet, beneath the cold surface of silver metal, Prune Phi succeeds in conveying the deep intimacy that binds her to her country of origin — whether through the tenderness of close-up photographs of naked bodies, or the glowing, burning images that set her visual and material memory alight.”